A la fin de l’été 2013, une quarantaine de Roms avait trouvé refuge dans une maison abandonnée située dans le quartier de Croix-Sainte à Martigues. Rapidement, un collectif de soutien rassemblant une quinzaine d’associations, d’organisations syndicales et de partis politiques présents sur la ville1, s’est constitué pour venir en aide à ces familles et entamer un processus d’insertion.
Partie prenante de ce collectif, la FSU du Pays de Martigues a oeuvré pour permettre aux enfants « installés » dans cette maison de bénéficier de l’obligation de scolarité, valeur républicaine fondamentale, si souvent bafouée lorsqu’il s’agit de cette communauté. Inscrits à la maternelle Henri Tranchier, à l’école élémentaire Robert Daugey et au collège Paul Eluard, ces élèves ont réalisé, en quelques mois, des progrès remarquables. Tordant le cou à des stéréotypes d’un autre âge, Iluna, Samuel, Gabriel, Denis, Lavinia, Laura, Simona… ont fait preuve d’une soif d’apprendre et d’une volonté d’intégration saluées par leurs professeurs. Parallèlement à la scolarisation des enfants, le processus d’insertion des adultes a obtenu des résultats qui auraient surpris plus d’un ministre de l’Intérieur.
Tout ce fragile processus d’intégration a bien failli être réduit à néant le 22 septembre 2014. Ce jour là, le sous-Préfet d’Istres a annoncé la démolition de la maison occupée par les familles roms avant la trêve hivernale3. Au prétexte qu’elle est située sur le tracé du futur prolongement autoroutier dont les travaux ne devraient pas commencer avant 2017. Devant l' »urgence » de la situation, l’évacuation des lieux a été organisée le jeudi 30 octobre.
Grâce à la mobilisation du collectif d’une part et aux démarches entreprises par la municipalité d’autre part, des solutions de relogement dignes ont été trouvées pour la plupart des familles4. Les enfants qui figurent parmi les « heureux élus » ont pu envisager la rentrée des vacances d’automne dans des conditions (presque) comparables à celles de leurs camarades français.
Mais certains manquaient à l’appel ce lundi 3 novembre. Ceux dont les parents ont été obligés de quitter notre ville dans la nuit du 30 au 31 octobre pour regagner leur pays d’origine. Ceux pour lesquels un certain ministre a décrété qu’ils avaient « vocation à revenir en Roumanie5… »

1 : ASTI, CCFD-Terre Solidaire, EELV, Ensemble, FCPE, FSU Martigues, Ligue des droits de l’homme, NPA, PG, RESF, Sud Education, UL CFDT, UL CGT. 2 : 8 se sont engagés dans une formation à la Mission locale de Martigues, 5 sont inscrits à Pôle Emploi, 3 ont trouvé un emploi durable, aucun n’a fait l’objet d’une quelconque plainte. 3 : le 31 octobre. 4 : 4 familles ont intégré un dispositif d’accès à des logements pérennes, 3 autres font l’objet d’un hébergement provisoire et 2 ont été « invitées » à regagner la Roumanie. 5 : Manuel VALLS sur France Inter le 23.09.13, « ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des notres, et qui sont en confrontation, (…) cela veut bien dire que les Roms ont vocation à revenir en Roumanie (…).