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Réforme des Rythmes scolaires à Marseille, le point de vue des personnels municipaux …

Interview de

Brigitte Baldizzone (responsable de restaurant à l’école Olivier Gillibert), Martine Charrier (responsable de restaurant à l’école Lodi), Suzanne Markarian (AT école Estaque Plage), Lise Gross (ATSEM Ecole Abbé de l’Epée), Anne Marie Aleman (responsable de restaurant Ecole Maternelle Copello), Angèle Cavaliéri (responsable restaurant Ecole Gillibert)  :
toutes militantes du SDU FSU Ville de Marseille (section écoles) et déléguées du personnel .

pour la FSU des Bouches du Rhône

 

Comment les personnels municipaux et le SDU en particulier ont appréhendé le fait de modifier des rythmes scolaires ?
Tous les personnels ont vécu la mise en place de cette réforme avec inquiétude connaissant les pratiques de la Ville de Marseille. Dès le départ le Maire refusait de prendre en compte le sujet et disait à qui voulait l’entendre que cette réforme ne serait pas appliquée. Les rythmes de travail, nos responsabilités en face des enfants, le contenu des missions mal définies sont autant de sujets d’inquiétude.
Tout de suite la question du recrutement de nouveaux personnels a été posée, sans réponse de l’administration. Pendant deux ans la seule position municipale était de ne rien mettre en place ; maintenant nous sommes au pied du mur et nous allons faire les frais du manque de travail et d’anticipation de cette situation nouvelle.

Pour le SDU quel est l’ampleur des embauches à réaliser ? Sous quels statuts ? Qu’en est il des personnels d’animation ?
Pour les personnels d’animation, nous demandons la requalification des contrats de vacataires (plusieurs centaines d’animateurs sur la ville). Ils sont soit animateurs BAFA, animateurs sportifs ou culturels, travaillent dans une grande précarité. Ces personnels devraient avoir des contrats pérennes. Le temps complet devrait, pour nous, être la règle du recrutement sous statut de fonctionnaire territorial, avec la reconnaissance de la qualification et des diplômes.
Par ailleurs compte tenu du manque d’effectifs sur les écoles (plusieurs centaines) nous demandons la création de postes statutaires en nombre suffisant tout grade confondu. Nous souhaitons que les personnels (250 ASIC : agents de service de surveillance inter-cantine) soient recrutés en priorité, sur ces postes à temps plein, ce qui correspond à un besoin et une demande forte de ces collègues. En ce qui concerne les postes d’ATSEM et de responsables de restaurant, nous demandons l’ouverture des recrutements par concours. S’il y avait une volonté politique forte dans ce sens, la question du manque d’effectifs à tous les niveaux pourrait être réglée d’ici la fin de l’année 2014.

Quelles sont les mesures nouvelles annoncées par le Maire aujourd’hui ?
Les écoles vont fonctionner le mercredi matin jusqu’à 11h30 sans cantine scolaire, les locaux seront mis à disposition des centres aérés (comme c’est déjà les cas) mais sans doute d’une façon plus soutenue que cette année. Les personnels présents sur les écoles le mercredi après-midi (hors personnel municipal) seraient sous contrat avec les associations (IFAC Léo Lagrange, AIL, Francas) qui animent les CLSH (centre de loisirs sans hébergement).
Les autres jours de la semaine restent inchangés sauf le vendredi où l’école finirait à 11h30 (avec cantine scolaire). Le temps de service des professeurs d’école s’arrêtant à ce moment là. L’après midi (de 13h30 à 16h30) serait consacrée au péri-scolaire en présence des personnels que nous représentons, municipaux et animateurs qui dépendront nous l’espérons de la ville et éventuellement des associations partenaires de la ville de Marseille (sous statut privé).
Dans ce cas, peuvent se présenter trois cas de figure :
– Les enfants qui sont récupérés par leur famille dès 11h30 et qui ne participeront pas aux activités,
– Ceux qui resteront à la cantine et qui sortiront à 13h30 (sous notre responsabilité). La question de transmission aux parents n’est pas réglée, les professeurs des écoles n’étant plus présents.
– Ceux qui ne déjeunent pas à la cantine, et qui vont revenir à 13h30.
Le péri-scolaire devrait être gratuit, nous ne connaissons pas son contenu. D’après l’administration « tout doit se faire au cas par cas ». C’est l’expression d’une absence de projet éducatif de la Ville et d’une impréparation totale.

Quelles seraient vos missions dans ce cadre nouveau ?
On ne peut pas dire en l’état actuel quelles seraient nos missions précises pour cette après-midi. Serons nous en responsabilité d’enfants ou pas, aurons nous la charge des locaux, des moments de sortie, des gestions des PAI (plan d’accompagnement individuel des enfants ayant des problème de santé) , c’est la question que nous nous posons. Là encore nous risquons de payer les pots cassés de l’absence d’anticiation de la ville.

Est ce que la Ville de Marseille a organisé la consultation des personnels à ce sujet ?
Il n’y a eu aucune consultation, aucune réunion de Comité Technique consacré à ce sujet. Le SDU demandait depuis longtemps que les personnels soient associés à la réflexion et il a fallu que nous lancions un mot de grève à la « vie scolaire » pendant deux jours (les 19 et 20 juin) pour qu’enfin un comité technique soit convoqué (à la mi-juillet, un mois et demi avant la rentrée!)
Cette grève a été suivie majoritairement, bien que le syndicat FO n’y appelait pas et incitait même à ne pas y participer : entre 230 et 250 cantines fermées sur les 315 restaurants scolaires.
Suite à cette grève notre syndicat a été reçu le 24 juin par le Directeur Général des Services (M Gondard), ce qui est un fait notable à la Ville où le dialogue social est réduit à sa plus simple expression.
Il n’a pu nous apporter des réponses à nos questions), mais cette entrevue est la reconnaissance de ce que nous représentons et de notre capacité de mobilisation.
L’Administration s’est d’ailleurs engagée à des réunions de travail et à poursuivre le dialogue social avec nous.

Comment d’après vous, peut-on sortir de cette difficulté, dans l’intérêt général de chacun (personnels municipaux, enseignants, familles) ?
L’action commune de tous devrait pouvoir contraindre la Mairie a mettre les moyens nécessaires dans l’intérêt du service public, des personnels et des enfants.
Le Maire avance la menace de l’augmentation des impôts pour refuser d’investir dans le domaine éducatif, mais est ce vraiment raisonnable ? Il s’agit pourtant de l’avenir des futurs citoyens marseillais.
Si nous ne réussissons pas cette mobilisation commune, il risque d’y avoir une immense désorganisation préjudiciable à tous.