Réforme du baccalauréat et du lycée : bas les masques !
Le Ministère avance masqué depuis le début. Aucun document écrit n’a été communiqué, aucun projet clairement évoqué lors des premières réunions. Toutes les informations sont issues de la presse, mais aussi des recoupements que font les différents interlocuteurs de la commission Mathiot entre eux et avec le SNES (Inspection, association de spécialistes etc. ) Elles sont donc à prendre avec prudence, les journalistes eux-mêmes se livrant à des conjectures. Ce qui n’apparait pas dans tel ou tel article de presse ne disparait pas nécessairement. Cependant toutes convergent dans les grandes lignes pour dessiner un lycée modulaire, la disparition des séries et de la voie technologique comme voie spécifique, l’augmentation de la part du contrôle continu.
La commission Mathiot auditionne mais le projet est en réalité très avancé, le Ministère ayant fixé janvier pour le premier rapport et le printemps pour les décisions suivies de leur application dès la rentrée 2018 en Seconde. Il s’agit évidemment d’une stratégie visant à entraver la mobilisation en entretenant le flou. Cette situation est proprement inacceptable, le SNES-FSU a donc exigé d’être reçu en audience d’urgence par le Ministère, il est reçu ce jeudi et nous vous tiendrons informés.
Sur le bac :
4 épreuves nationales, auxquelles s’ajoute l’EAF maintenue en Première. Tout le reste en contrôle continu. Les élèves passeraient deux épreuves en février/mars (leurs deux majeures), puis en juin un grand oral type TPE sur ces deux disciplines majeures, et une épreuve de philosophie dont on ne connait pas la nature.
Pour le choix des majeures et des mineures, il y aurait des couplages obligatoires. Par exemple un élève prenant HG et SES en majeure (couplage possible) aurait obligation de prendre mineure maths mais en
contrôle continu. Les détails de cette organisation ne sont pas connus, notamment la place des disciplines technologiques.
Sur le lycée :
Le scenario est celui du lycée modulaire dans lequel les élèves suivent des enseignements en tronc commun et des enseignements de spécialité qui dessinent des parcours. En Seconde les élèves auraient les trois quart de l’enseignement de tronc commun, puis la spécialisation se ferait progressivement en Première et Terminale. Sur les réseaux sociaux certains inspecteurs dénoncent les projets de réduction drastique de l’horaire élève en Seconde.
La voie technologique n’apparait nulle part en tant que telle, et on peut craindre le pire : un lycée modulaire dans lequel les élèves peuvent prendre des spécialités technologiques ou générales, bref, la disparition de la voie technologique.
La voie professionnelle n’est pas l’objet de la commission Mathiot, d’une part parce qu’elle a déjà été réformée dans le même sens, notamment avec l’introduction du contrôle continu, d’autres part parce que les projets la concernant sont le transfert aux régions et le développement de l’apprentissage.
Quelles conséquences ? Suppressions de postes, tri social dès la Seconde, dégradation des conditions de travail
On voit bien les opportunités de suppression de postes qui sont derrière ce projet : réduction des heures, regroupement des élèves, réduction de l’offre de formation.
On voit aussi se dessiner un dispositif qui conduira à trier les élèves : accès conditionnel à l’université avec le plan étudiant, bac en partie local avec le contrôle continu, et lycéen des milieux les plus défavorisés ou éloignés de l’école seul responsable de la définition de son « parcours ». Surtout, les universités établissant des pré-recquis, le choix du parcours par l’élève pourrait dès la Seconde conditionner l’accès à telle ou telle université, indépendamment du niveau de l’élève. Une orientation ultra précoce qui ne tient aucun compte du temps de maturation d’un projet pour l’élève et dessine des parcours obligés sans aucun droit à l’erreur.
Et pour les enseignants, un poids toujours plus grand de l’orientation, et ce sans aucun plan de formation, des classes chargées à bloc et des mesures de carte scolaire.
Bref, la mobilisation est la seule réponse à ce projet délétère, et elle passe par un gros travail d’information et de mise en débat des modalités d’action auprès des collègues.
Nous comptons sur vous pour cela, et n’hésitez pas à nous solliciter si vous avez besoin d’aide.