Déclaration FSU CHSCT Académique 05 juillet 2019
- Dussopt, secrétaire d’État auprès du ministre de l’action et des comptes publics, s’est réjoui par communiqué de presse de l’adoption par une majorité de députés de l’article de loi faisant disparaître les CHSCT, par dilution dans une nouvelle instance, le Conseil Social. Pour la FSU, il n’y a aucune raison de se réjouir d’un prochain recul des questions de santé et de sécurité au travail. Ces attaques contre cette instance témoignent du mépris de ce gouvernement pour les réalités du travail, de son mépris des personnels et de leurs représentants.
Les sujets que nous allons aborder aujourd’hui en CHSCT académique montrent qu’il faut à l’inverse renforcer les moyens, les prérogatives et les capacités d’action des CHSCT, et non les diluer dans une instance qui ne permettra pas le même niveau d’investissement de ceux qui œuvrent à l’amélioration des conditions de travail, élus comme représentants de l’administration et acteurs de la prévention. La FSU continue de dire son opposition à la création de cette instance unique et au projet de loi dit de « transformation » de la Fonction publique qui va accroître les risques psychosociaux.
Dans notre académie, l’impact des réformes commence à se mesurer : nous voyons les tensions s’accroîtrent dans les établissements, nous sommes de plus en plus souvent sollicités par des collègues découragés qui veulent changer de carrière et les problématiques médicales sont de plus en plus nombreuses… D’autres réformes en cours ou à venir suscitent de vives inquiétudes qui pèsent au quotidien sur la vie au travail et retentissent sur le climat au sein des équipes. Pas un secteur, pas une catégorie, pas un métier n’est épargné par les secousses infligées ces derniers mois. Ces réformes nous suggèrent bien des objets de travail, bien des pistes de prévention à explorer.
Tendons l’oreille :
« Je suis épuisée par cette année, mais je préférerais qu’elle ne finisse jamais…quand je pense à ce qui nous attend… » Oui, quand on croise aujourd’hui les professeurs des lycées, dans les AG, les réunions de baccalauréat, les jurys, il y a deux sujets de conversation : la grève lors des examens, ses raisons, sa nouveauté, et la préparation de la rentrée prochaine. Emplois du temps « pourris », classes à 35 partout, nouveaux programmes et nouveaux cours à concevoir durant l’été, sur deux niveaux, nouvelles épreuves de baccalauréat, futurs parents et élèves à rassurer alors qu’ils en perdent le sommeil…
S’il y a un objet d’étude qui nous parait crucial et urgent, c’est celui-ci : les épreuves en contrôle continu, leur impact sur la charge de travail de l’administration, des personnels de direction et des enseignants, mais aussi leur incidence sur les relations au sein des lycées : entre les enseignants et leurs élèves, mais aussi entre les enseignants et l’administration, la direction, les parents, et leurs propres collègues.
« On ne serait pas en train de nous placardiser ? », voici ce que nous disent les PsyEn quand ils découvrent ce qui attend les services d’orientation. En effet, les évolutions annoncées lors de la présentation du rapport Charvet le 26 juin dernier vont ébranler une profession déjà fortement malmenée ces dernières années. Ces évolutions cassent les collectifs de travail et dénaturent profondément les missions des PsyEN. Ces derniers seraient cantonnés à un rôle d’« ingénieurs de l’orientation » au détriment de l’aide et de l’accompagnement psychologique qu’ils apportent aujourd’hui aux élèves. Il s’agit là encore d’une population d’agents pour laquelle les services académiques devront se montrer particulièrement vigilants.
Les suppressions de postes et la réforme territoriale qui se dessine font craindre aussi, pour les personnels administratifs, des conditions de travail dégradées, avec notamment une charge accrue afin de pallier les carences.
« Il ne fait pas trop chaud pour travailler ? », voici ce que nous avons entendu ces deux dernières semaines dans les services, les écoles, les collèges et les lycées de notre académie. Et oui, comme les « marronniers » des journaux télévisés, il y a des sujets qui reviennent tous les ans.
Ainsi, le Ministère et le service de prévention du rectorat ont adressé une série de recommandations aux chefs d’établissement et aux directeurs d’école concernant les risques liés aux températures élevées dans les unités de travail. Certaines de ces recommandations relèvent du simple bon sens (encore faut-il qu’elles soient réellement mises en œuvre), d’autres nécessitent des moyens dont ne disposent pas tous les établissements (des stores en bon état, des rideaux etc). Et comment garder une « ambiance fraîche » alors que le bâti scolaire est globalement mauvais en ce qui concerne la lutte contre les fortes chaleurs ?
Face à la vague de canicule qui s’annonçait, le ministre de l’Éducation Nationale a pris la décision, exceptionnelle, de reporter les épreuves du Brevet, déclarant ne pas vouloir « transiger sur la sécurité des élèves ». Très bien, mais on peut « transiger » avec la sécurité des élèves le reste de l’année ? Étudier au quotidien dans des locaux vieillissants, mal isolés, parfois dégradés, ce n’est pas un problème ? Les épreuves étaient donc reportées, les équipes devaient réorganisées à la va-vite le planning de fin d’année et les établissements devaient accueillir les élèves dans des conditions plus que difficiles. Au-delà du Brevet, la canicule a touché aussi les oraux du baccalauréat et des concours pour lesquels aucune mesure particulière n’a été prise. Pour la FSU, une véritable politique de prévention des risques, digne de ce nom, ne peut se faire dans la précipitation. Anticiper les risques, ce n’est pas décider trois jours avant un épisode de canicule de déplacer le problème…
Dans sa déclaration, le Ministre n’a pas eu un mot pour les personnels. Notre employeur, responsable de notre santé et de notre sécurité, ne s’est soucié à aucun moment de la préserver. Les personnels ont bien compris qu’on attendait d’eux de poursuivre leurs activités et de s’accommoder des conditions dans lesquelles ils devaient faire leur travail. Ils ont bien compris, plus généralement, que face aux difficultés, ils étaient sommés d’obéir et de se taire.
Pour finir cette déjà trop longue déclaration, l’ordre du jour de notre séance illustre la richesse et la diversité de nos travaux. Nous mesurons une fois de plus l’engagement de tous les acteurs de la prévention et l’intérêt que porte le rectorat, à travers ses différents services, aux pistes proposées pour améliorer les conditions de travail. La FSU regrette que cette implication ne soit pas beaucoup suivi d’effets. Il suffit de regarder les avis 2018 : 19 avis, environ 80 propositions, 22 actions engagées (dont 8 se limitent à une transmission d’information)… Si aujourd’hui, de ce côté de la table comme du vôtre, tout le monde est convaincu de l’utilité de nos travaux, le moment est venu d’engager de véritables actions et d’enregistrer des résultats mesurables.