Les réformes s’enchaînent à un rythme effréné sans considération aucune pour ceux qui
doivent les mettre en œuvre, sans qu’à aucun moment la profession ne soit interrogée sur les
évolutions nécessaires.


Ainsi,
la réforme du lycée va modifier profondément les conditions d’exercice et le sens
du travail : la
diminution des horaires en seconde, le recul des dédoublements et des heures de
travail en groupe, le travail d’orientation dévolu aux enseignants, et la refonte expresse des
programmes vont avoir des répercussions qu’il aurait fallu
analyser en amont. Après une voie
générale déstructurée et une voie technologique une fois de plus (de trop?) mise à mal, fin mai, le
ministre a annoncé une
réforme des Lycées professionnels. Les premiers éléments laissent
objectivement craindre une forte dégradation des conditions de travail et une augmentation des
RPS. Avec moins d’heures pour plus de dispositifs, avec une formation à nouveau réduite avec le
passage de 3 à 2 ans, comment ne pas voir que ces évolutions vont transformer en profondeur le
métier ? La mise en place de classes de secondes indifférenciées par famille de métier laisse
augurer d’une déprofessionnalisation des formations, dispositif déjà expérimenté et qui a fait la
preuve de son absence de pertinence…


C’est au milieu du maelström de ces annonces que les enseignants de lycée ont vu leur
quotidien largement phagocyté par la mise en place de ParcourSup.


Le projet de loi
« Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » prévoit, quant à
lui, le transfert des DRONISEP et de leurs personnels aux régions, avec un pouvoir étendu aux
régions dans le domaine de l’information et de l’orientation. Les CIO pourraient fermer pour la
plupart d’entre eux, les PsyEN seraient nommés dans les EPLE et mis parallèlement au service
des régions qui leur attribueraient de nouvelles tâches. Il s’agit bien, là encore, d’un projet
important de réorganisation du travail et des missions, projet auquel s’oppose la FSU et dont les
effets potentiels sur les conditions de travail et le sens du travail n’ont pas été analysés. Comment
ne pas voir que les messages répétés du Ministre sur l’échec du système actuel, sur les régions qui
fourniraient « une meilleure information », sont ressentis par les personnels comme une remise en
question de leur professionnalité, de la qualité de leur travail et de leur engagement au service de
tous les publics ? Comment ne pas voir que l’annonce de la décision de fermeture des centres
d’information et d’orientation peut avoir des effets désastreux sur les personnels, sur leurs
conditions de travail et sur le sens qu’ils donnent à leur mission et leur travail ?


Autre chantier de grande ampleur, le ministère affiche l’intention de s’engager dans un
nouveau mouvement de réorganisation de ses services déconcentrés avec le scénario de
fusions
des académies
pour calquer leurs délimitations sur celles des régions. La FSU est opposée à ces
fusions. Elle tient, à l’occasion de ce CHSCT Académique à alerter quant aux effets de nouvelles
dégradations pour les conditions de travail des personnels, tant dans les services académiques que
dans les établissements.


L’expérience des dix dernières années montrent une constante : les réorganisations de
services ont quasiment toutes produit des effets négatifs durables pour la qualité de vie au travail,
affectant jusqu’au sens du travail des personnels, provoquant un accroissement de la souffrance au
travail. Comment ne pas voir que les évolutions ne peuvent se faire au détriment des moyens
nécessaires (en emplois, en formation…), sans une reconnaissance de l’expertise qu’ont les
personnels de toute catégorie de leurs métiers et leurs missions ?

Quant aux annonces dans le cadre de la « refondation du contrat social avec les agents
publics » de
fusion des CHSCT avec les CT, l’ordre du jour de notre CHSCT académique
témoigne de l’impérieuse nécessité de conserver une instance de dialogue spécifique consacrée à
la santé la sécurité et aux conditions de travail. Comment ne pas voir que la diversité des sujets
traités, des méthodes de travail (visites, enquêtes, entretiens, élaboration de documents…) ne
supporteraient pas leur dilution dans une instance fourre-tout qui n’aurait que peu de
prérogatives ?


En mettant en avant la parole des agents sur leur activité, en vérifiant si l’employeur
respecte ses obligations en matière de santé au travail, en mettant en lumière les conséquences des
décisions prises, les CHSCT apparaissent comme la mauvaise conscience de l’État et révèlent les
carences institutionnelles. Il est plus facile de ne pas voir les conditions de travail que d’œuvrer à
les améliorer, pourtant c’est en acceptant de se confronter au réel qu’on se rend le plus utile à
tous.